Green Wedge? Analyser les dissidences contre les politiques climatiques en Europe

Green Wedge? Analyser les dissidences contre les politiques climatiques en Europe

Le Pacte Vert pour l’Europe (EGD) est au cœur de la relance Européenne après la pandémie de COVID-19 : l’EGD devra aider à relancer l’économie, faire face à une catastrophe climatique imminente et s’attaquer aux inégalités profondes (qui auront été aggravées par la crise). Le déploiement de l’EGD pourrait-il entraîner une plus grande polarisation en Europe – une polarisation où les divisions entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, les régions rurales et urbaines s’affirmeraient de nouveau? Ou est-ce que les dirigeants politiques et de la société civile seront en mesure d’obtenir un consensus démocratique pour mettre en place les politiques de l’EGD? Et si tel est le cas, comment? D’où viendra le consensus? Et à quoi ressemblera la contestation?

Voilà les questions que nous explorerons qualitativement et quantitativement au cours des 18 prochains mois dans notre travail avec notre partenaire l’Open Society European Policy Institute, faisant partie d’Open Society Foundations. Cette recherche fait partie du projet Bridges, une longue collaboration entre Counterpoint et OSEPI. Bridges explore les causes des principaux enjeux politiques, et apporte des informations essentielles issues de notre recherche dans de nombreuses disciplines aux responsables politiques et politiciens européens.

Green Wedge : le rapport

Découvrez-en plus dans notre rapport, publié en mars 2021.

Ce rapport est une première étape vers une cartographie de la conversation climatique en Europe. L’objectif est d’avoir une meilleure idée des différentes communautés et groupes qui soutiendront le Pacte Vert pour l’Europe (EGD), ainsi que de comprendre les types de dissidence et de contre-mobilisation qui surgiront inévitablement et risquent de faire dérailler la mise en œuvre des principaux objectifs politiques de l’EGD.

Nous avons été amenés à étudier cette question suite à des hypothèses quelque peu complaisantes (confortées par un certain nombre de sondages) sur un large consensus parmi les publics européens concernant l’urgence climatique et la nécessité d’y faire face — en particulier au lendemain de la première vague de Covid, qui semble avoir déclenché une prise de conscience accrue de l’urgence climatique et alimenté un désir de « reconstruire en mieux. » Nous craignions que la politique climatique ne devienne plutôt le tout dernier espoir de ralliement populiste (remplaçant potentiellement l’immigration et la migration en tant que problème central).

Afin d’évaluer le potentiel de mobilisation des détracteurs, nous avons décidé de suivre de près les conversations en ligne sur l’EGD, et plus largement autour des politiques climatiques dans huit pays européens. Nos conclusions devraient donner aux responsables politiques matière à réfléchir. Lisez la suite ici.

 

Les essais « Green Wedge » : des points de vue sur le climat mis en contexte

Cette collection accompagne notre rapport « Green Wedge. » Ces essais ont été réalisés afin de contextualiser notre recherche sur la nature et le contenu des conversations sur le climat sur les réseaux sociaux dans huit pays européens:le Danemark, la Suède, l’Allemagne, l’Italie, la France, la Pologne, l’Espagne et la République tchèque.

Mais cette collection représente plus que cela – ces essais peuvent facilement être lus en autonomie, de par leur qualité et les conclusions qu’ils proposent. Ils révèlent d’une manière cruciale les cadres culturels, historiques et sociaux profondément idiosyncratiques et subtils dans lesquels les conversations sur le climat, les débats environnementaux, et la mobilisation ont lieu en Europe. Ils révèlent ce que nous appelons chez Counterpoint « le lien caché des sociétés. » Mais surtout, ils nous donnent des indices sur ce que les décideurs climatiques doivent savoir pour agir efficacement et avec agilité dans des contextes très variés.

Conversations « Green Wedge » :
Cela remet-il tout en question? Climat et Nouveau Paysage Idéologique Européen

Cet événement a été inspiré par notre rapport, publié en mars 2021.

La lutte contre le changement climatique implique une transformation révolutionnaire de nos sociétés et de nos économies : le résultat est une refonte du paysage idéologique et partisan européen. Notre rapport récent met en évidence l’impact de ces transformations sur les partis, la rhétorique et les politiques à travers l’Europe, d’est en ouest. Les nouvelles formes d’autoritarisme, la réutilisation des concepts politiques traditionnels, les lignes des partis brouillées et la montée d’une nouvelle politique générationnelle ne sont que quelques problèmes que nous aborderons avec nos experts internationnaux.

Cette conférence s’est déroulée lundi 21 juin, 10:00 – 11:30 (London) / 1:00-12:30 CET (Paris). [str
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Le traqueur « Green Wedge »

Le traqueur « Green Wedge » vous donne un aperçu mensuel des conversations climatiques sur les réseaux sociaux dans 8 pays européens.

Nous nous concentrons sur les discussions sur l’EDG ainsi que sur les discussions nationales. Nous suivons les hashtags, les « memes » et les événements Twitter les plus populaires, tout en vous donnant un aperçu de tous les débats principaux.

En savoir plus sur le projet

Pourquoi nous pensons que c’est important et comment nous abordons ces questions

Le contexte

La crise du coronavirus oblige les responsables politiques et les citoyens à réévaluer la portée et le rôle de la politique gouvernementale, à tous les niveaux. Au fur et à mesure que la crise évolue et (espérons-le) devienne mieux gérée et contenue, les responsables politiques aux niveaux européens et nationaux devront faire face à la réorganisation de certaines de leurs priorités sur la voie de la relance. Ils devront évaluer l’appétit des citoyens pour une intervention publique et avant tout, évaluer comment ils peuvent obtenir un consensus démocratique pour ces interventions politiques au lendemain d’un moment qui aura simultanémentépuisé leurs ressources, testé la tolérance des citoyens aux sacrifices, accru la nécessité de changements politiques audacieux, mais a également accru la volonté de certains de profiter des opportunités de ce changement systémique, pour le meilleur ou pour le pire.

S’assurer d’un changement positif du système dépendra d’une compréhension approfondie des motivations, attitudes et désirs de la population, et de la capacité d’y faire appel et d’encadrer les changements de politiques de manière à puiser dans leur meilleure nature.

L’un des domaines dans lesquels l’UE et les États membres pourraient rencontrer l’un de leur plus grand défi dans la poursuite de réformes est le Pacte Vert pour l’Europe (EGD). En effet, le débat autour de l’EGD va cristalliser le paradoxe que le COVID-19 révèle déjà : la nécessité de s’attaquer aux inégalités qui auront été aggravées par la crise et de relancer l’économie, tout en tirant des leçons de cette crise afin de tenter d’en éviter une plus profonde, dont une catastrophe climatique.

Au cœur du projet Bridges se trouve la conviction que les responsables politiques doivent comprendre les points de vue, les besoins et les positions de leurs citoyens de manière globale et holistique afin de rationaliser les sondages qui peuvent souvent donner l’impression que les citoyens sont incohérents ou même irrationnels. L’objectif du projet Bridges est d’exposer le lien caché qui aide à donner un sens à des attitudes et réactions complexes afin de mieux comprendre quelles politiques élaborer et comment les encadrer.

La probabilité de comportements qui pourraient sembler contradictoires augmentera au lendemain de la pandémie de coronavirus, car les citoyens, ainsi que les organisations de la société civile et les entreprises, seront naturellement attirés par deux objectifs qui pourraient à première vue sembler incompatibles. D’une part, une reprise rapide (à tout prix, et potentiellement par des moyens et des industries traditionnelles) et, d’autre part, la perspective d’un contrat social et économique à long terme plus sain, plus équilibré et plus sûr, qui addresserait certains des dysfonctionnements révélés par la crise à travers l’élaboration de politiques audacieuses et une transition verte.

Ainsi, au lendemain de la crise du COVID-19, un paysage d’attitudes déjà fragmenté à travers l’UE pourrait être encore plus fragmenté, et l’appétit pour une politique climatique plus volatile et fragile, ou alors potentiellement plus exigeant. Ou les deux. Cela pourrait avoir pour conséquence une Europe encore plus polarisée, dans laquelle les divisions entre le Nord et le Sud, ou entre l’Est et l’Ouest, se réaffirmeraient de manière encore plus frappante. Garantir un consenus démocratique pour les politiques de l’EGD peut donc être encore plus compliqué qu’avant la pandémie de coronavirus, et les crises sanitaires et économiques qui en découlent. Une compréhension profonde et subtile de ce paysage sera donc encore plus cruciale pour les dirigeants politiques.

Au lendemain de la crise du coronavirus, alors que l’UE tentera simultanément de relancer et transformer, nous devons penser au consentement des citoyens, certains d’entre eux seront – et se sentiront – touchés de manière disproportionnée par cette crise, et pourraient se sentir impactés de manière encore plus disproportionnée par toute initiative politique ambitieuse, comme sur le changement climatique. Surtout si ces initiatives surviennent dans le contexte d’une UE affaiblie.

L’un des dangers actuels est la potentielle remontée des mobilisations et soutiens populistes. À bien des égards, les démocraties libérales seront coincées de deux côtés : d’une part par ceux qui plaideront en faveur de la transformation cette crise en une opportunité de changer nos modèles économiques, de l’adoption une transition verte et du changement pour pallier aux dysfonctionnements profonds d’un modèle qui nous a conduit à cette pandémie ; et de l’autre ceux qui plébisciteront un « retour à la normale » et un renforcement des modèles existants de travail et d’industrie. Ce dernier camp comprendra des personnes de tous horizons politiques, pressées par de différentes priorités d’urgence. Mais il incluera également des populistes de tous bords, qui utiliseront les conséquences de la crise pas seulement pour remettre en question les fondamentaux de la mondialisation, de l’interdépendance et des institutions multilatérales, mais qui a) définiront les politiques ambitieuses telles que l’EGD comme superflues dans une une époque de « reconstruction », b) dépeigneront l’EGD comme conçu et dirigé par une élite qui, s’empressera-t-on de le souligner, aurait pu mieux palier aux conséquences économiques de la crise, et serait ainsi mieux à même de pouvoir soutenir le coût de la transition verte c) que l’EGD est une fois de plus un exemple d’une élite demandant une contribution disproportionnée des gens ordinaires afin de garantir le bien public, la politique climatique, qui n’est pas réellement l’une de leurs priorités. Ajoutez à cela une colère contre l’UE, qui sera systématiquement décrite comme un club élitiste, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays, et en hausse en Italie. Et enfin, le fait que de nombreuses personnes auront le sentiment d’avoir tout simplement assez souffert. Il semble y avoir les conditions réunies pour résister à tout changement de système qui nécessiterait des compromis immédiats et des sacrifices supplémentaires.

Bien évidemment, les dirigeants politiques n’ignorent pas certains pièges, mais il faut également faire un travail urgent et approfondi afin de comprendre comment obtenir un consensus démocratique autour de ces questions, en particulier à un moment où le défis populiste pourraient être contournés en misant sur le désir d’une protection et d’un changement de système positif et nécessaire à long terme.

La question est finalement de savoir si les dirigeants politiques peuvent comprendre rapidement les angoisses et ressentiments mais aussi les espoirs et désirs, afin de pouvoir les utiliser pour informer le cadres et contenu des measures afin d’obtenir un consensus urgent en matière de politique climatique et du changement systèmique.

Grandes lignes du projet

OSEPI et Counterpoint mèneront une collaboration d’une durée de deux ans pour :

  1. – comprendre la dynamique du consensus et de la dissidence autour des politiques d’EGD en tant que changement de système positif dans huit pays de l’UE : la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la République tchèque, le Danemark et la Suède.
  2. – utiliser cette compréhension pour déterminer quels types de cadres politiques seront nécessaires pour obtenir le consentement aux compromis en matière de politique climatique aux niveaux européens et nationaux.

Au cours de la première année, nous évaluerons les attitudes des citoyens à l’égard d’un changement ambitieux de système (en particulier autour de l’EGD) au fur et à mesure de la crise, via des approches quantitatives et qualitatives afin d’acquérir une meilleure compréhension des dissidences et de qui elles proviennent.

Au cours de la deuxième année, nous continuerons à surveiller l’évolution des attitudes envers les politiques climatiques européennes, et nous diffuseront nos recommandations aux responsables politiques et aux journalistes à Bruxelles et dans les capitales européennes.

L’année 1 et la première partie de l’année 2 résulteront en une cartographie des attitudes, des potentiels points sensibles et des contextes culturels dans lesquels ils pourraient émerger. Cela se fera à travers plusieurs vagues de mesure des débats, discussions, conversations thématiques, « memes », et d’échanges sur les médias sociaux et traditionnels dans chacun des huit pays ; ainsi qu’à travers une série d’articles explorant les traditions de consensus et de dissidence démocratiques, le rôle des attitudes et des institutions et la facon dont ils ont été impacté pas la pandémie de COVID-19 dans nos pays d’étude ; puis une deuxième série d’articles explorant l’impact des politiques spécifiques de l’EGD, et la manière dont ils se manifestent dans nos six études de cas (quelles politiques attireront le plus de dissidence/consensus – et où – et qui sera impliqué dans leur déclenchement, qui participera). La première partie du projet consistera donc à faire émerger le lien caché du consensus démocratique et de la dissidence en identifiant l’émergence de dissidences ainsi que leurs contextes culturels, historiques, socials et psychologiques.

Le déclenchement de solidarité et réciprocité à travers l’Europe survivra-il à la pandémie? Les motivations et les choix des citoyens ont-ils été profondément changés par la pandémie? Y a-t-il eu une prise de conscience généralisée de la fragilité de nos modèles économiques et de développement? Et cela se traduira-t-il par plus de soutien envers des politiques environnementales? Ou un tournant vers des modèles dont on connaît déjà les limites? Nous explorerons ces questions à travers des analyses de médias sociaux, des publications, et un dialogue avec un réseau d’experts et de collègues.

Nos partenaires

Nous sommes fiers d’avoir OSEPI comme partenaire principal.

Nous travaillons également avec nos partenaires de données Opinion Science. Basés à Paris, nous entretenons avec eux une relation de longue date, et avons travaillé avec eux par le passé grâce à notre associé Joël Gombin. Opinion Science est un institut de recherche dédié à l’analyse de données sociales. Leurs méthodes mélangent la collecte de données, le tri statistique et l’AI pour la conception de nouveaux modèles d’interprétation de l’espace public numérique. Basée à Paris, Opinion Science se concentre sur l’étude des nouvelles formes de politisation et de leur contribution à la construction d’une identité politique à travers l’Europe. Leurs clients et bailleurs de fonds sont des think tanks, des institutions publiques et des entreprises privées.
L’institut a été fondé en 2015 par Joël Gombin, sociologue et expert en open data, et Justin Poncet, expert en communication. Joël et Justin occupent tous deux des postes dans des établissements d’enseignement supérieur (Sciences-Po, Celsa, Sorbonne).
Au sein de l’équipe Opinion Science, Jordan Ricker (ancien responsable pour le numérique, les contenus et l’opinion à la Ville de Paris), et Matthieu Blondeau, associé de Counterpoint(ancien responsable de la stratégie et de la communication au bureau du Parlement européen en France) sont également des contributeurs clés à notre étude.